Interview d’un manager en évaluation financière

L’évaluation financière est un domaine clé de la finance d’entreprise. Ce métier, exigeant et stimulant, est plus confidentiel que les autres métiers de la transaction (TS et M&A) alors qu’il reste une composante centrale de toute opération financière.

Pour en savoir sur ce métier, ses enjeux et les perspectives de carrière qu’il offre, nous avons interrogé Tristan Rabatel, Manager en évaluation Financière chez EY. Il nous partage notamment son quotidien et ses conseils pour travailler en valorisation et modélisation financière.

Manager Evaluation Financière

 

Pourrais-tu nous présenter ton parcours ?

Après le lycée, je me suis orienté vers une filière universitaire généraliste avec notamment de l’économie, des mathématiques et du droit. Ce parcours m’a également offert une certaine flexibilité pour poursuivre la pratique du rugby sous le statut de sportif de haut niveau.

Par la suite, j’ai rejoint le Master en Ingénierie Financière et Transaction (IFT) de l’IAE de Lyon. En parallèle de mes études, j’ai effectué mes deux premiers stages en audit financier. Ces expériences m’ont notamment permis de développer des bases solides en comptabilité et analyse financière avant de réaliser un stage de fin d’étude au sein des équipes d’évaluation d’entreprise d’EY. A l’issue de ce dernier stage j’ai alors pu signer en CDI au sein de la même équipe.

Presque 7 ans plus tard, je suis toujours chez EY à Lyon. J’y occupe le poste de Manager sur des sujets d’évaluation d’entreprises et d’actifs.

 

Pourrais-tu nous présenter le métier de consultant en évaluation financière ?

Le métier d’évaluation financière consiste à estimer et justifier la valeur d’un actif (généralement une société ou un groupe de sociétés) dans des contextes très variés :

  • Contexte de transaction M&A – Deal Valuation. Sur ces missions nous cherchons à estimer une fourchette de valorisation cohérente avec les scénarios d’acquisitions envisagés. Nous intervenons généralement en amont d’une lettre d’intention (LOI) ou en seconde phase lors des Due Diligences.
  • Contexte d’aide à la prise de décisions stratégiques – Value analysis. Le but est d’accompagner nos clients sur des levées de fonds/dettes, renégociations de dette, réorganisation du capital via LBO, MBO, etc. Nous nous appuyons notamment sur une forte expertise en modélisation financière. Ce qui nous permet de développer des modèles flexibles d’analyses de scénarios/plan d’affaires/remboursement de dette, par exemple, sans lesquelles une prise de décisions argumentée ne serait pas possible.
  • Contexte d’opinion indépendante sur la valeur pour répondre à des enjeux réglementaires – Fair value opinion. En tant qu’experts indépendants, nous apportons de l’assurance à des tiers sur la valeur de sociétés, d’activités, d’actifs ou encore d’instruments complexes. Ce qui contribue à renforcer la confiance des différentes parties prenantes (conseil d’administration, apporteurs de fonds, actionnaires minoritaires, régulateurs, administrations fiscales, commissaires aux comptes, AMF, salariés, etc.).

Tous ces contextes ont comme dénominateur commun la transaction. Nous pouvons intervenir à la fois sur les enjeux de valorisation préalables à une transaction comme sur les enjeux de valorisation post-transaction. Le métier d’évaluateur financier est donc très dynamique avec de nombreuses perspectives.

 

Quelle est ta journée type ?

En tant que Manager, j’ai des journées très variées. De manière générale, mon rôle consiste à :

  • Encadrer les équipes engagées sur les mêmes missions que moi,
  • Assurer les rendez-vous clients,
  • Faire avancer les projets afin de les mener à bien dans les délais convenus et avec une qualité irréprochable.

J’accorde également du temps à des fonctions plus transverses : développement commercial, formation, recrutement, etc. Nous devons aussi, dans un cabinet pluridisciplinaire comme EY, travailler avec des collaborateurs d’autres métiers. Ils peuvent être avocats, auditeurs spécialisés en transaction, auditeurs financiers ou consultants spécialisés en conseil comptable et financier. C’est aussi ce qui rend notre métier très riche.

 

Que penses-tu la charge de travail en évaluation financière ? Les horaires sont-ils aussi denses qu’en M&A ?

La charge horaire n’a rien de comparable avec celle du M&A. Bien entendu, comme pour tout métier impliquant des enjeux stratégiques et financier, un certain engagement est nécessaire. Les journées restent denses, sans débordement la nuit ou les week-ends. Le rythme de travail en évaluation financière permet globalement d’avoir un bon équilibre de vie. L’épanouissement par les loisirs est d’ailleurs fortement encouragé au sein de nos équipes.

 

Beaucoup d’étudiants et juniors confondent la valorisation financière et le Transaction Services. Pourrais-tu clarifier les différences entre ces 2 métiers ?

Les métiers de l’évaluation sont centrés sur des enjeux d’objectivation et de justification de la valeur d’un actif, d’une entreprise. Par nature, ces travaux impliquent de bonnes capacités de résolution de problèmes, pour chaque contexte une compréhension du modèle économique, des risques, des enjeux.

Le rôle du Transaction Services consiste à mener un diagnostic d’entreprise. Le but est d’analyser la performance historique, les actifs et passifs d’une société et d’apporter des éclaircissements en vue de négociations sur le prix. Ces travaux requièrent de solides compétences d’analyse ainsi que des connaissances comptables et financières. Ils sont majoritairement orientés vers la compréhension de la performance passée de l’entreprise.

Les contextes d’interventions sont également différents. Le Transaction Services interviendra dans une majorité des cas en plein cœur d’une transaction, et en amont de la négociation. Quant à elle, l’évaluation financière peut intervenir sur des phrases plus variées, par exemple très en amont d’une opération, voire post acquisition.

 

Penses-tu que l’évaluation financière soit une première expérience intéressante et recherchée pour un étudiant en finance d’entreprise ? Si oui, pourquoi ?

L’évaluation financière constitue une première expérience particulièrement enrichissante de par la pluralité des contextes dans lesquels nous intervenons et la diversité des compétences techniques à mobiliser.

Les jeunes consultants sont aussi rapidement exposés à des situations leur permettant de développer leur relationnel client et l’encadrement d’équipes. Autant de compétences qui ouvrent des passerelles vers d’autres métiers de la finance comme le Private Equity, le M&A, le Transaction Services, le financement structuré en banque d’investissement, la direction financière d’un groupe, etc.

 

Quelles sont les missions d’un stagiaire en valorisation financière ?

Le stagiaire en évaluation financière participe aux mêmes missions qu’un jeune consultant en CDI tout en étant davantage encadré. Il sera impliqué tout au long de la mission sur la fiabilisation des modèles d’évaluation ainsi que sur l’analyse des données de marché. Il participera aussi aux interactions avec le client (Q&A, restitution) et sera directement impliqué dans la rédaction des livrables.

Par cette exposition à différentes missions, un junior en évaluation financière développe une capacité de synthèse, une certaine rigueur ainsi que de solides compétences en valorisation et modélisation financière.

 

Quel est pour toi le CV type pour travailler en valorisation ? Une grande école est-elle indispensable ?

Le métier est exigeant, c’est le pendant de son fort aspect stimulant. Bien qu’une grande école soit un réel avantage, de très bons parcours existent dans des universités par exemple. C’est pour cette raison qu’il n’est pas indispensable de venir d’une top école.

Un CV qui attirera particulièrement notre attention mettra en avant une formation solide en finance d’entreprise, et une ou deux expériences préliminaires (stages) dans des métiers d’analyse et du conseil, comme le TS, l’audit, le M&A, le conseil en stratégie, ou encore des métiers internes de contrôle financier. Une expérience à l’étranger est également un véritable atout car nos clients sont souvent exposés à des enjeux internationaux. Une solide maîtrise de l’anglais est également nécessaire pour mener des missions plus internationales.

 

Pour finir aurais-tu des conseils sur la préparation des entretiens en évaluation financière ?

L’évaluation financière exige de fortes connaissances techniques et théoriques. Ainsi il est impératif de maîtriser les concepts de base de la finance d’entreprise (calcul d’EBITDA, BFR, bilan économique, calcul des cash-flow…). C’est évident mais le candidat doit également être à l’aise avec les sujets d’évaluation financière et leur mise en application. Il est également attendu d’un candidat qu’il se renseigne sur les spécificités du métier. Le Jour J, il doit être en mesure d’exposer clairement ses motivations et montrer sa compréhension du métier.

 

Formation en Transaction Services

 

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Interview menée par Florian Tupinier