Interview d’un manager en M&A

Dans cette interview Walid revient sur son parcours, ses expériences et surtout ses conseils pour rejoindre une boutique de M&A.

Manager M&A - fusion acquisition

Peux-tu te présenter et nous détailler ton parcours académique et professionnel ?

Je m’appelle Walid Benmostefa, j’ai 29 ans et j’occupe actuellement le poste de Manager M&A chez Crowe RSA Corporate Finance.

Après deux années de classes préparatoires, j’ai intégré une école de commerce à Paris.

Entre mon Master 1 et mon Master 2, j’ai réalisé une année de césure avec un premier stage en audit interne puis en analyse crédit.

J’ai enfin réalisé un troisième et dernier stage de césure dans un fonds d’investissement hôtelier. Ce dernier stage m’a permis de travailler pendant 5 mois sur des schémas de financements complexes et de réaliser des reportings destinés aux investisseurs.

Ma césure a été déterminante dans la construction de mon parcours professionnel. Elle m’a permis de mieux assimiler les fondamentaux de la finance d’entreprise et de poursuivre mon Master 2 à Londres avec une meilleure compréhension des activités en finance.

A la fin de mon M2, j’ai réalisé un stage de fin d’études en M&A chez Crowe RSA Corporate Finance. Au cours des entretiens l’associé m’a très vite fait comprendre qu’en rejoignant Crowe je pourrai travailler sur toutes les étapes d’un deal.

 

Peux-tu nous présenter l’entreprise pour laquelle tu travailles actuellement ? Sur quels types de deals intervenez-vous ?

Crowe RSA Corporate Finance est une société parisienne spécialisée dans le conseil en fusions acquisitions et financement.

Nous appartenons au réseau Crowe qui est le 9ème réseau au monde d’audit et de conseil aux entreprises.

Le champ d’activité du groupe RSA concerne l’audit financier, l’expertise comptable et l’audit transactionnel.

RSA corporate finance est spécialisé dans le conseil à l’achat ou à la cession (transmission, sortie d’actionnaires, recherche de cibles et négociation) et du conseil en financement (LBO, MBO, MBI, ingénierie financière et levée de fonds)

Nous accompagnons donc des actionnaires, des groupes et des fonds d’investissement dans leurs opérations de M&A en France et à l’étranger grâce à des relais internationaux sur le segment small et mid cap.

 

Comment présenterais-tu ton métier à un novice ? Quelle est ta journée type ?

Mon métier consiste en l’optimisation et la sécurisation d’une vente ou d’une acquisition d’entreprise.

Nous n’avons pas réellement de journée type. Nous devons nous adapter aux circonstances pour répondre aux besoins du client. Il est donc possible que je passe 2 jours à approfondir un modèle financier ou une valorisation et les 2 jours suivants à mener des rendez-vous clients.

 

Pourquoi choisir de commencer en M&A plutôt qu’en Transaction Services, Private Equity ou dans un autre département de la banque par exemple ?

L’intérêt principal du M&A réside dans l’impressionnante courbe d’apprentissage qu’il offre. En M&A, on travaille sur les enjeux stratégiques d’une entreprise. Cette orientation nécessite que l’analyste comprenne comment les sociétés se développent, s’organisent et s’adaptent pour pénétrer de nouveaux marchés.

La compréhension globale du business plan de l’entreprise s’accompagne aussi d’un volet plus technique mais tout aussi important : le développement des compétences financières et comptables.

J’ai donc choisi de travailler dans ce domaine pour développer mes compétences d’analyse financière et stratégique. Je souhaitais également être exposé à toutes les étapes d’un process aussi bien en Buy Side qu’en Sell Side.

Enfin, le caractère généraliste et formateur d’une première expérience en M&A offre des débouchés nombreux aussi bien en Private Equity qu’en corporate development.

 

👉 Pour plus d’informations sur ce sujet, retrouvez notre article dédié : Pourquoi travailler en M&A (surtout en début de carrière) ?

 

Qu’est-ce qui te plaît dans ce métier ? Au contraire y a-t-il un aspect qui te plaît moins ?

Sur un process de vente ou d’achat, nous accompagnons un dirigeant et une entreprise. Nous sommes au centre des échanges et des négociations autour des thématiques clés pour la société et notre client. Il est donc nécessaire de multiplier les échanges pour comprendre ses attentes, son point de vue et estimer sa compréhension d’une opération de M&A.

Ce sont ces échanges et cet accompagnement que je trouve le plus intéressant.

Le seul point négatif dans ce métier est sans doute la forte concurrence qui y règne. On pense parfois avoir lié de fortes relations avec des fonds ou des entreprises avant de se rendre compte qu’ils préfèrent une autre boutique pour les conseiller sur une opération.

Ce métier requiert un réel sans froid car on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise nouvelle. Selon moi, le principal vecteur de réussite d’une opération est le fit, la relation humaine qu’on parvient à construire.

 

Quelles différences vois-tu pour un stagiaire entre le fait de travailler en M&A dans une grande banque, dans une boutique, dans un cabinet (type big 4) ou au sein de la direction financière d’une entreprise (M&A in house) ?

Travailler dans une grande banque implique de composer avec des équipes élargies et souvent sur des deals large cap. Le stagiaire risque donc d’avoir des missions limitées sans avoir l’occasion de se faire remarquer.

Dans une boutique l’approche est souvent différente. Certes, les process restent relativement similaires mais les équipes sont bien plus resserrées (3-4 personnes par deal maximum). L’implication et les compétences du stagiaire seront donc potentiellement plus remarquées.

Par ailleurs, au sein d’un cabinet d’audit type big 4, les expertises sont plus poussées. Ce sont majoritairement des clients de longue date du cabinet qui sont conseillés. L’historique de la relation permet de pousser l’analyse plus loin et offre souvent une meilleure compréhension sectorielle.

Enfin, le M&A dans une direction financière d’un groupe offre une perception totalement différente de l’activité. En effet, le M&A corporate prend bien plus en compte l’aspect stratégique d’un deal.

Les synergies, les nouveaux marchés et l’innovation sont donc des points largement plus couverts.

 

A quelles missions peut prétendre un stagiaire en M&A ?

Un stagiaire en M&A peut travailler sur deux types de missions : la prospection et l’exécution.

Durant la phase de prospection, l’analyste réalisera des pitchs comportant notamment une analyse sectorielle, des recherches de contrepartie, cibles ou un travail préliminaire de valorisation.

Au cours de la phase d’exécution. Il devra préparer toutes les étapes du mémorandum d’information, mettre en place la data room et accompagner l’équipe dans l’organisation de la transaction.

En fonction de la boutique, le stagiaire peut même échanger avec le client, les contreparties, les équipes de management ou des avocats.

 

On parle souvent du rythme de travail très dense en M&A ? Qu’en est-il ?

Le rythme de travail est en effet très dense. Parfois les collaborateurs doivent gérer 5 ou 6 dossiers en même temps avec la même exigence de qualité.

Chez Crowe, par exemple, durant les matinées et débuts d’après-midi nous menons des réunions d’équipes ou des réunions clients. Nous consacrons souvent le reste de la journée/soirée à la rédaction des pitchs et mémos.

 

Est-il possible de réaliser un premier stage directement en M&A ? Si non, que recommanderais-tu pour un premier stage avant de rejoindre une équipe M&A?

Réaliser son premier stage en M&A est possible mais relativement complexe. Personnellement, je recommanderais plutôt de commencer par faire des stages en audit, transaction services, analyse crédit ou analyse financière.

Les recruteurs apprécient ces métiers qui permettent de maîtriser les bases de la finance d’entreprise.

Le M&A impose un rythme de travail soutenu. Il est donc préférable, à mon sens, de se constituer un bagage technique solide avant de prétendre à un poste d’analyste en M&A.

Sans cette assise, un analyste junior peut vite se sentir débordé et passer à côté de son stage.

 

Penses-tu qu’un poste en M&A est aujourd’hui un passage obligé pour rejoindre des métiers comme le PE, le VC ou le M&A en Corporate ?

Je pense qu’il est plus simple de passer par une expérience en fusion acquisition avant de rejoindre ces métiers.

Certains recruteurs préfèrent un profil M&A qui peut leur sembler plus expérimenté que les autres mais ce type d’expérience n’est pas indispensable.

 

Que penses-tu de la croissance des chiffres du M&A ces dernières années ? Quels sont les facteurs explicatifs de cette croissance ?

L’explosion du M&A ces dernières années est majoritairement due aux larges poches de liquidités disponibles sur le marché.

Cette tendance s’est accentuée au cours de la période post-Covid. Les PGE (Prêts Garantis par l’Etat) accordés à de nombreuses entreprises ont eu un impact positif sur le nombre de transactions. Ils ont donc gonflé les multiples de certains secteurs.

La croissance des opérations de M&A peut s’expliquer par le fait que les secteurs comme la tech ou la santé sont des secteurs autoportants qui ont bien résisté à la crise. Il y a eu une multiplication de transactions sur ces secteurs. Chez Crowe, cela représente 50% de notre activité.

 

As-tu des conseils à formuler aux candidats intéressés par le M&A (préparation des entretiens, compréhension du métier, autre) ?

Avoir une préparation optimale et sereine des entretiens est la clé pour intégrer un poste en M&A. Ces entretiens stressent souvent beaucoup les étudiants et juniors. L’objectif n’est pas de piéger le candidat mais de tester ses connaissances et sa motivation, comprendre son profil, et s’assurer qu’il se reconnaissance dans les valeurs de la boutique.

Mon second conseil concerne la motivation des candidats. La clé d’un parcours réussi en M&A réside dans l’intérêt porté à la richesse et à la complexité des opérations. Mon conseil principal serait donc de s’assurer d’avoir les bonnes motivations et de faire preuve de curiosité avant de se lancer.

 

Formation en Transaction Services

 

Interview menée par Florian Tupinier