Parcours et conseils d’un Consultant senior en Transaction Services

Le Transaction Services est une activité phare des cabinets d’audit – conseil. Pour en apprendre davantage sur ce métier nous avons demandé à Thomas Christophe (senior en M&A et Transaction Service chez Eight Advisory) de nous partager son parcours et ses conseils pour intégrer un cabinet de TS.

 

Pourrais-tu nous décrire ton parcours académique et tes premières expériences avant le Transaction Services ?

Après le lycée, je me suis posé la question d’aller directement en filière comptable (école préparatoire au DCG). Je n’avais jamais fait de comptabilité mais je savais que j’aimais les chiffres et les mathématiques en général. Par sécurité, j’ai tout de même rejoint une école de commerce. J’ai ainsi pu avoir un tronc commun de 3 ans et mieux comprendre le milieu de l’entreprise. N’étant pas certain de mon orientation, je voulais aussi toucher à plusieurs composantes du management et de la gestion d’entreprise.

Pendant mes trois premières années à l’ESDES, la comptabilité et la finance m’ont particulièrement plu. J’ai alors choisi de continuer dans ce secteur en intégrant pour mes deux dernières années le Master Audit et Finance d’entreprise. J’ai également décidé de passer le DCG et le DSCG en candidat libre. Étant issu d’une école « non cible », j’étais convaincu qu’un double diplôme m’ouvrirait plus de portes. C’est aussi l’occasion de se démarquer des autres candidats. Je trouve d’ailleurs que la spécialisation offerte par ces diplômes comptables supérieurs permet d’acquérir des bases solides en comptabilité, élément important pour un premier emploi en finance. Enfin, bien que les enseignements proposés en Ecole de Commerce soient de qualité, ils sont quand même moins poussés que ceux d’une filière spécialisée de type DSCG et davantage orientés sur l’apprentissage de « soft skills ».

Lors de ma dernière année de mastère spécialisé, j’ai réalisé mon stage de fin d’études chez PwC à Lyon. J’étais alors au sein du pôle « middle market ». Ce département est spécialisé dans l’audit des comptes de PME. Ce stage a été particulièrement enrichissant car il m’a permis d’intervenir sur un grand nombre de cycles d’audit au plus près des clients (responsable contrôle de gestion, DAF et DG). J’ai eu la chance de toucher à des missions variées. En comparaison, les tâches d’un stagiaire au sein d’un pôle « Grands Comptes » peuvent parfois être limitées au vu de la taille des équipes et des clients. Il est courant de se voir assigner un cycle d’audit spécifique ou même une tâche spécifique au sein d’un cycle.

 

Après l’école de commerce et ce stage en audit, quel a été ton parcours professionnel ?

Après mon stage, j’ai tout de même décidé de rejoindre un pôle « Grands Comptes » en CDI. Je pensais qu’évoluer dans un tel service m’offrirait plus d’opportunités professionnelles et une exposition plus forte. Notamment en raison de la taille des clients qu’on accompagne et des normes comptables utilisées (US Gaap, IFRS). C’est pourquoi j’ai demandé, pour mon premier CDI, mon transfert dans le service Audit grands comptes de PwC à Lyon.

J’ai alors commencé à m’intéresser au Transaction Services en croisant l’équipe TS de PwC à la cafétéria ou dans les salles de travail. Je me demandais en quoi consistaient leurs missions et dans quels secteurs ils intervenaient. En plus de ce que nos professeurs / intervenants avaient pu nous en dire pendant notre cursus à l’ESDES, j’ai compris en discutant avec des auditeurs que ce service était très renommé et que les missions sur lesquelles le Transaction Services intervenait étaient considérées comme plus complexes et à plus forte valeur ajoutée.

A la fin de ma troisième saison d’audit, j’ai demandé à intégrer le département Transaction Services de PwC. Après quelques entretiens et un cas pratique j’ai finalement pu rejoindre l’équipe Transaction Services en septembre 2021.

 

Maintenant que tu as évolué en Transaction Services, que retires-tu de ton expérience en audit ?

Venant d’une école moins prestigieuse, accéder au domaine sélectif et réputé du Transaction Services est bien plus compliqué. En effet, si certaines écoles ouvrent facilement la voie du TS en « Big Four », j’ai dû, pour ma part, réaliser plusieurs années en audit avant de compter sur la promotion interne pour rejoindre le pôle Transaction Services de PwC. Intégrer un tel service en tant que candidat externe aurait été plus compliqué.

Avec le recul, j’estime cependant que mon parcours m’a permis de me construire des bases solides en finance et en comptabilité. De plus, du fait d’une forte exposition client l’audit est une excellente école pour apprendre à communiquer clairement avec les clients, par mail et en physique. C’est également un métier très formateur qui demande beaucoup de rigueur et d’organisation.

 

Comment décrirais-tu ton métier en Transaction Services à un novice ?

Au sein du pôle Transaction Services nous rédigeons des rapports financiers dans le cadre de cessions ou d’acquisitions d’entreprise. Cela consiste à présenter de façon détaillée des analyses sur les performances de l’entreprise et son business plan. On relève également les différents risques identifiés dans le cadre de l’opération. Le rapport contient aussi une analyse dites « normative ». C’est-à-dire une étude du caractère récurrent d’un ou plusieurs indicateurs financiers (exemple : l’EBITDA ou le BFR). Ce rapport permettra à l’acheteur d’avoir une vision d’ensemble sur l’entreprise cible. Enfin, il pourra aussi utiliser les conclusions du rapport pour estimer ou négocier la valeur de la cible.

Il est courant de faire le parallèle (surtout pour un rapport de Due Diligence à la vente) avec le métier d’agent immobilier. En effet, dans le cadre de la vente d’un bien, l’agent va constituer un rapport contenant photos, divers indicateurs, éléments chiffrés etc. La notoriété de l’agence peut même avoir un impact sur la portée des analyses transmises à l’acheteur potentiel.

3 grands pôles composent les cabinets de Transaction services : (i) Transaction Services, (ii) Restructuring et (iii) Valorisation et modélisation.

👉 Pour en savoir plus sur ces 3 départements, lisez notre guide du Transaction Services, Valo et Restructuring.

Pour ma part je suis dans le département Transaction Services. Mon rôle est donc d’intervenir pour la réalisation de Due Diligences à l’achat (Buy side) ou des Due Diligence à la vente (VDD).

Ces due diligences visent à présenter en détail les éléments clés à considérer pour l’étude d’une société donnée. L’objectif est de produire un rapport que le lecteur puisse comprendre même sans connaître l’entreprise ou son secteur.

Lors d’une due diligence, les consultants en Transaction Services doivent garder leur indépendance vis-à-vis du client. Par exemple lors d’une Vendor Due Diligence, l’équipe de Transaction Services doit présenter de façon attractive l’entreprise sans pour autant dissimuler des éléments impactant la rentabilité ou le futur de la société. Il faut donc savoir rester objectif et honnête quant à la situation de l’entreprise pour conserver sa crédibilité. Il faut également noter que le cabinet engage sa responsabilité lors de la transmission d’un tel document.

 

Peux-tu revenir sur la charge de travail et les rémunérations en Transaction Services ?

Selon moi, comparé aux secteurs de la banque d’affaires ou du Private Equity, la charge de travail en Transaction Services est moins dense. Cependant, nos horaires et notre rythme sont très dépendants des dossiers, de la qualité de l’information et de l’accès au management de la cible.

Globalement je trouve que le rythme de travail reste toujours soutenu en TS même s’il y a parfois quelques ralentissements. C’est par exemple le cas lorsque le projet est en attente pour des raisons de process. Je dirais qu’en général une journée type commence à 9h et se termine autour de 19h – 19h30. Quand il faut accélérer un peu le rythme, pour délivrer un rapport dans les délais prévus alors la dernière semaine peut être un peu plus chargée. L’équipe terminerait alors vers 21h/22h.

Une fois qu’on progresse au sein du cabinet, on gagne également en flexibilité. On peut alors s’organiser pour emmener ses enfants à l’école par exemple. Cette flexibilité permet de concilier son travail avec une vie de famille. Ce n’est pas le cas dans tous les métiers de la finance.

Sur le plan de la rémunération, un junior peut prétendre à 45 000€ de revenus bruts annuels avec primes variables selon les deals et les performances du cabinet. Cela dépend également du parcours académique.

 

Quels sont les débouchés classiques après une expérience en Transaction Services ?

Généralement les recruteurs aiment les profils issus du Transaction Services. Après une telle expérience, il est souvent possible d’intégrer une Direction Financière ou une Direction Contrôle de gestion au sein d’un Corporate par exemple. Le Private Equity ou les métiers de la banque d’affaires font aussi partie des débouchés possibles après une expérience en Transaction Services.

 

Aurais-tu des conseils pour des candidats à un poste en Transaction Services ? (Préparation des entretiens, choix du cabinet, autres conseils pratiques)

De par ses missions pointues, le métier de consultant en Transaction Services reste relativement élitiste. Il faut donc faire preuve d’une grande rigueur et être prêt à absorber une charge de travail importante. En plus de cela, les candidats doivent avoir des connaissances solides en comptabilité. Il faut comprendre le fonctionnement des états financiers et savoir les analyser efficacement.

Même si le nom et la notoriété de l’école peuvent faciliter l’accès au TS, il ne faut pas se décourager. Une personne motivée et investie peut rapidement progresser au sein d’un cabinet d’audit puis demander un transfert interne. Si sa demande n’aboutit pas, elle peut aussi postuler dans le département Transaction Services d’un cabinet concurrent. Rien n’est impossible il faut juste être organisé et travailleur pour saisir les opportunités qui se présenteront.

 

Formation en Transaction Services

 

Qu’est-ce qui t’attire le plus et au contraire te plaît le moins dans ce métier ?

Pour moi il n’y pas de « mauvais » côté mais évidemment c’est un métier prenant et même si le rythme sera toujours moins soutenu qu’en M&A, vous n’aurez pas toujours le luxe d’avoir un rapport vie professionnelle / vie privée très équilibré en Transaction Services. De plus, il faudra faire face à des moments stressants et pouvoir absorber la charge de travail confiée. Enfin, je dirais que parfois les tâches peuvent être répétitives après quelques années passées en Transaction Services mais comme pour tous les postes finalement.

Concernant les points positifs, ce qui m’attire dans mon travail c’est de pouvoir toucher à tout type d’entreprise. C’est aussi la force des bureaux lyonnais qui sont généralistes. On ne se limite donc pas à un seul secteur d’activité ce qui est très enrichissant et porteur de diversité. De plus, ce métier permet d’être en contact avec de nombreux clients et par conséquent, d’enrichir son réseau. Enfin, ce métier permet d’acquérir des connaissances comptables et financières très solides et des connaissances sectorielles diverses.

 

Interview réalisée par Florian Tupinier

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